QUI EST COLOMBINE DE LA COMMEDIA DELL’ARTE ?
Colombina, ou « Petite Colombe » comme elle est connue en français, est un autre personnage comique typique de la Commedia dell’Arte. Son rôle combine celui d’une épouse infidèle, d’une maîtresse séduisante et d’une servante impertinente. Sur scène, elle se présente comme une soubrette espiègle et intrigante !
COMMENT COLOMBINE S’IDENTIFIE-T-ELLE ET QUEL EST SON APPARENCE ?
Dans les scénarios de farce de la Commedia dell’Arte, Columbine, parlant en dialecte toscan, est spirituelle, lucide et terre-à-terre. Cependant, elle fait preuve d’une remarquable robustesse et ruse face à ce qu’elle considère comme un monde d’hommes.
Elle est l’épouse de Pierrot, le triste clown qu’elle traite avec insensibilité. Elle est aussi la maîtresse d’Arlequin (Arlecchino), dont elle est éperdument amoureuse ; elle le prend sous son aile tout en le manipulant lorsqu’elle contre-complote contre son maître avare et lubrique, Pantalone. Elle joue le rôle de servante personnelle de la prima donna innamorata.
Initialement, Columbina était imaginée forte comme une acrobate, ce qui pourrait en partie être dû à son apparence et à sa présence théâtrale.
Ses costumes sont souvent faits de morceaux de tissu colorés irréguliers, ou de diamants et de triangles, assortis à ceux d’Arlechinno. Pour d’autres rôles, selon le scénario, elle est décrite comme étant petite et gracieuse, habillée d’une robe de servante fantaisiste faite de matériaux superposés jolis, avec un large tablier à volants et un bonnet de soubrette.
Cependant, malgré sa robe tombant sous le genou, ce qui confère une certaine modestie à son apparence, elle porte un maquillage épais sous un masque semblable à un domino qui ne couvre que ses yeux. Sa tenue est conçue pour souligner l’exposition d’un décolleté généreux, attisant davantage les avances amoureuses d’hommes tels que Pantalone et Il Capitano.
Pour échapper à ces attentions indésirables, Colombine effectue une variété de pas de ballet rapides et agiles. Elle donne aussi des coups de pied pointus à la fin d’une grande scène de Zanni ou se déplace d’un pied à l’autre, les mains sur les hanches tout en tenant son tablier. Parfois, elle enroule son pied autour d’un comédien masculin avec une inclinaison légèrement en avant, semblant être provocante.
Elle est souvent représentée tenant un panier ou un tambourin, ou les deux. Lorsqu’elle parle, elle a tendance à bouger brusquement la tête comme si elle cherchait quelqu’un d’autre que la personne à qui elle s’adresse.
QUELLE EST L’ORIGINE DE SON PERSONNAGE ?
Le personnage de Colombina est apparu pour la première fois en 1530 dans des textes écrits par les « Academic Intronati de Sienne » (« les Académiques étourdis »).
Cependant, son origine véritable est pensée être trouvée dans les comédies latines de Plaute où les esclaves féminines risquées étaient dépeintes comme étant plus âgées et plus séductrices tout en aidant leurs maîtresses dans des affaires illicites.
Aux premiers jours de la Commedia, de tels rôles étaient associés à des danseuses d’entracte (« entre les actes ») avec des noms tels que Franceschina, Smeraldina, Olive et Nespola.
Plus tard, elles ont évolué pour devenir des contreparties aux personnages de Zanni, et ainsi la coquette Colombine est née.
L’actrice italienne Caterina Biancolelli (1665-1716) a commencé à jouer le rôle de Colombine en 1683, suivant les traces de sa grand-mère. Puis en 1695, elle a joué « Arleccina », une version féminine d’Arlequin, suivant ainsi son père qui était devenu célèbre pour avoir joué le même rôle.
La personnalité de Columbine a inspiré plusieurs célèbres dramaturges des 17ème et 18ème siècles, y compris l’écrivain et poète Molière. Il a créé de nombreux personnages de servantes pour ses comédies, comme « Dorine » la soubrette impertinente dans « Tartuffe », qui est pensée être vaguement basée sur Columbina, bien que moins ouvertement sexuelle.
Caterina Biancolelli (1665-1716)
QUEL MASQUE COLOMBINE PORTAIT-ELLE ?
Lorsque Colombine a fait sa première apparition, elle portait rarement un masque, ce qui était une caractéristique de la plupart des autres personnages typiques de la Commedia dell’Arte.
Elle préférait à la place appliquer un maquillage épais et des mouches sur son visage, destinés à exagérer sa beauté. Cependant, au 18ème siècle, elle a été vue portant ce qui est maintenant connu comme un masque de domino, généralement noir et ne couvrant que la zone des yeux.
Ces petits masques, souvent arrondis, sont fréquemment portés aujourd’hui par les participants masculins et féminins des célébrations de carnaval et peuvent être trouvés dans une variété de designs flamboyants, décorés de plumes, de gemmes et de tissus aux couleurs vives.
QUEL ÉTAIT LE CARACTÈRE ET LA PERSONNALITÉ DE COLOMBINE ?
Colombine peut être un personnage flirtant et parfois capricieux, mais elle joue un rôle important dans la Commedia dell’Arte.
Elle est une servante efficace et insouciante, suffisamment intelligente pour avoir atteint un statut plus élevé. Elle n’est pas excessivement dramatique dans une situation donnée et est capable de tenir tête face aux séducteurs ardents de sa vie.
En tant que servante d’Isabella, elle est une confidente fidèle, démontrant constamment ses compétences d’improvisation et agissant en tant qu’intermédiaire pour l’innamorata.
Elle est lettrée, autonome et prudente avec l’argent et, bien qu’elle soit sexuellement expérimentée, elle peut être modeste sans être excessivement timide lorsque cela lui convient.
Colombina est affectueuse et divertissante, sans désir d’être riche. Cependant, elle montre un soupçon de folie dans son comportement envers Arlequin, le tourmentant avec des changements précipités dans son apparence, sa personnalité et son accent.
LES ACTIONS DE COLOMBINE DERRIÈRE LE MASQUE
S’étant trouvée à travers la lecture et les livres, Colombina est une femme auto-éduquée, et elle est aussi émotionnellement lettrée, tout à fait capable d’écouter les autres et de s’identifier à leurs émotions.
Cela se voit clairement dans sa relation avec l’innamorata où Colombine montre une réelle sympathie pour sa situation, aidant sa maîtresse hystérique à gagner l’affection de son bien-aimé, et cachant souvent leurs lettres d’amour dans ses poches.
Consumées par l’idée d’être amoureuses mais ne communiquant jamais ouvertement avec leur amant, les Amoureux comptent sur Colombina pour garder son sang-froid tout en résolvant leur détresse.
Arlequin, en revanche, dont elle est amoureuse, est invariablement puni par des réprimandes et un comportement insupportable pour ne pas pouvoir changer.
Colombine et Arlequin
Retrouvez Colombine et Arlequin, dans l’harlequinade.
RÉSUMÉ DE COLOMBINE, LE PERSONNAGE DE LA COMMEDIA DELL’ARTE
Colombina est sans aucun doute au centre de tout ce qui se passe et elle exerce certainement une influence considérable sur l’issue de différents scénarios.
Indépendante et éduquée, loyale bien que imprévisible, « elle est joyeuse et insouciante, mais lorsqu’une tâche lui est confiée, elle agit avec rapidité et efficacité ».
C’est un personnage féminin et sexy, avec une force et une ruse masculines qui dissimulent ses véritables motifs, une belle ruseuse pleine d’astuce.
